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Duduland
Duduland
16 mars 2011

LE BAROUDEUR ET LE CASANIER

Ses oreilles dressées, en pleine attention,                      

Scrutant le silence pour capter tous les sons,

Il est prêt à bondir, à courir maintenant,

Car il a préssenti quelque chose d'inquiétant.

Tout d'un coup il s'élance, bondit en zigzagant,

disparait dans le bois, sans bruit, élegamment.

Il jouit de la vie, prudemmant mais sans peur.

Ce lapin s'appelle Merlin, c'est un baroudeur.

 

Ses oreilles fanées, à moitié endormi,

Replié sur lui-même, il laisse passer la vie.

Sans connaître le risque, protéger par sa cage,

Il attend tranquillement, c'est un lapin très sage.

Des repas réguliers, copieux, équilibrés,

Lui sont servis au lit, sans avoir à bouger.

On lui a donné vie, on l'a sécurisé,

Ce lapin s'appelle Martin c'est un casanier.

 

Dans la fraîcheur de l'aube, Martin s'est réveillé.

Quelqu'un grignote en bas les carottes tombées

Par les trous du grillage qui ferment sa cage,

Dans l'immeuble à lapins, au deuxième étage.

"- Eh, en bas! qui es-tu? je ne te connais pas.

Retourne donc chez toi! qu'est-ce-que tu fais là?

- Je suis partout chez moi et, ici comme ailleurs,

Je prends ce que me donne la vie, pour le meilleur."

 

Martin, pour une fois s'est senti intrigué,

Il ne comprenait pas, des questions sont montées.

" Dis moi, tu me ressembles, tu es donc un lapin.

Habite donc ici, devenons bons voisins.

Tu seras bien nourri, logé gratuitement,

en toute sécurité dans ton beau logement,

tu n'auras rien à craindre, tu n'auras rien à faire,

tout sera fait pour toi, viens, ça va te plaire."

 

Merlin se mit à rire : "mais tu n'as rien compris!

La liberté, mon vieux, cela n'a pas de prix.

Aller où bon me semble, visiter du pays,

Profiter de l'instant, me faire des amis,

Rencontrer les autres, échanger des idées,

Apprendre à les connaître et les apprécier,

Voilà qui comble l'âme et remplit les envies,

Qui fait évoluer et justifie la vie."

 

 "- J'entends ce que tu dis, mais ne le comprends pas.

La peur doit te ronger à chacun de tes pas.

Risquer de rencontrer ici un prédateur,

Risquer d'être sous la pluie ou bien dans la froideur,

Risquer de voir la faim torturer ses boyaux,

Risquer d'être dehors, sans abris, sans repos,

Voilà qui, justement, est inacceptable.

Je préfère bien mieux être calme et stable."

 

"- Ecoute bien, Martin, ta vie est illusion.

La cage où tu vis n'est pas une protection,

Même si elle est dorée, ce n'est qu'une prison.

Etre amplement nourri n'est pas du tout un don,

Ce n'est qu'une utopie car c'est bien toi qu'on mange.

Tu es condamné et pour que cela change

Il faut vivre tes rèves, ne pas être prisonnier,

Faire confiance à la vie, mais pas à tes geôliers."

 

Alors Merlin l'a fait, il a ouvert la porte,

Et invité Martin pour qu'enfin il s'en sorte.

La liberté est là, il suffit de vouloir ;

Choisir sa propre vie est donc en son pouvoir.

Mais il a reculé et puis il est resté,

La cage a refermée pour se sécuriser,

Sachant ce qui l'attend, n'ayant pas le courage

D'engager une vie de compagnonnage.

 

Merlin est reparti au loin vers l'infini,

Faire plaisir à son âme, réaliser sa vie.

Persuadé que rien ne peut justifier

De laisser à un autre sa vie à piloter.

Persuadé aussi que l'univers entier

Veille sur chacun si l'on sait demander,

Et qu'en étant certain que cela va marcher,

Les pas sur le chemin emmènent à la beauté.

ALAIN

 

 

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Commentaires
M
Tes écrits sont superbes ! merci de les partager.
Duduland
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